Nous sommes Godets sur base large et Godets sur base étroite.
Tout en nous est identique et tout nous sépare.
Tailleurs, chaussures, coiffures et sacs sont les mêmes.
Mais si à droite un cabas pend à l’avant-bras,
c’est à gauche que l’autre est tenu en main.
Pareil pour nos pensées et nos goûts.
Moi j’apprécie la netteté du dessin. Lui le flou.
Notre position illustre ces tendances.
Je suis campée sur mes jambes courtes et solides.
Il vacille sur ses guibolles fines.
Il hésite. Je fonce.
Il se voûte, je suis droite.
J’aimerai la partie réaliste de cette exposition.
Il rêvera de clair-obscur et de sépia.
Je ne les supporte pas, il peut dormir avec.
Notre couple reflète la variété diablement hétérogène de l’humanité.
Quoi d’autre?
Rien de plus, j’en ai peur.
Quand je surprends le regard du gardien je me dis que j’ai beaucoup vieilli. C’est le rouge peut-être où Bertrand il ne se tient plus aussi droit. Quand on était jeunes, jeunes architectes pleins d’allant et de génie on se retournait sur nous avec une regard d’envie.
C’était une idée de Christo et de Jeanne s’habiller, se coiffer pareil tant que le couple durerait … on a tenu bon mais ce soir je me demande si on ne fait pas plutôt pitié. Au cabinet ils n’osent rien dire, ils nous ont mis sur un piédestal et ils partent les uns et les autres à la retraite. Comme dit Bertrand : Ne vous inquiétez pas pour nous, on a la clé.
Oui c’est vrai et angoissant. Qui prendra la relève ? Nous n’avons pas d’enfants. Les rouges n’ont pas de descendance !!!
Anaïs : Je ne comprends pas pourquoi on nous a mis là.
Albert : Pour le contraste. Notre couleur écarlate ressort au milieu de tout ce noir et blanc.
Anaïs : J’aurais voulu être dans la salle des peintures historiques.
Albert : Mais ces toiles sont déjà très colorées… Je pense qu’on nous voit mieux ici…
Anaïs : Trop. Tout le monde nous touche, s’appuie sur nous… Avec leurs mains poisseuses. Tous ces germes, tout ce sucre…. Je ne supporte plus.
Albert : Tu es jalouse de ces filles sur le mur ?
Anaïs : Jalouse d’une bande de brouillons ? Moi ?
Albert : Oui.
Anaïs : Je m’ennuie ici, Albert. Allons-nous-en !
Albert : Mais, Anaïs, nous ne sommes que des statues !
Anaïs : Tu manques vraiment d’imagination ! Vivre avec toi c’est encore plus plat que de vivre avec ces modèles de papier ! Moi je change de musée ! Suis-moi si ça te chante!
Anaïs s’en va, Albert reste interloqué.
Nous sommes un atelier d’écriture créé à Ottawa en 2011. Notre thématique est d’écrire au Musée, devant les œuvres d’art. Nous avons publié des recueils de nouvelles, nous organisons un concours de nouvelles annuel depuis 2013. Les nouvelles sélectionnées sont publiées. Depuis 2015 nous sommes une association sous la loi 1901 dont le siège social est à Puteaux.
Nous sommes Godets sur base large et Godets sur base étroite.
Tout en nous est identique et tout nous sépare.
Tailleurs, chaussures, coiffures et sacs sont les mêmes.
Mais si à droite un cabas pend à l’avant-bras,
c’est à gauche que l’autre est tenu en main.
Pareil pour nos pensées et nos goûts.
Moi j’apprécie la netteté du dessin. Lui le flou.
Notre position illustre ces tendances.
Je suis campée sur mes jambes courtes et solides.
Il vacille sur ses guibolles fines.
Il hésite. Je fonce.
Il se voûte, je suis droite.
J’aimerai la partie réaliste de cette exposition.
Il rêvera de clair-obscur et de sépia.
Je ne les supporte pas, il peut dormir avec.
Notre couple reflète la variété diablement hétérogène de l’humanité.
Quoi d’autre?
Rien de plus, j’en ai peur.
Quand je surprends le regard du gardien je me dis que j’ai beaucoup vieilli. C’est le rouge peut-être où Bertrand il ne se tient plus aussi droit. Quand on était jeunes, jeunes architectes pleins d’allant et de génie on se retournait sur nous avec une regard d’envie.
C’était une idée de Christo et de Jeanne s’habiller, se coiffer pareil tant que le couple durerait … on a tenu bon mais ce soir je me demande si on ne fait pas plutôt pitié. Au cabinet ils n’osent rien dire, ils nous ont mis sur un piédestal et ils partent les uns et les autres à la retraite. Comme dit Bertrand : Ne vous inquiétez pas pour nous, on a la clé.
Oui c’est vrai et angoissant. Qui prendra la relève ? Nous n’avons pas d’enfants. Les rouges n’ont pas de descendance !!!
Anaïs : Je ne comprends pas pourquoi on nous a mis là.
Albert : Pour le contraste. Notre couleur écarlate ressort au milieu de tout ce noir et blanc.
Anaïs : J’aurais voulu être dans la salle des peintures historiques.
Albert : Mais ces toiles sont déjà très colorées… Je pense qu’on nous voit mieux ici…
Anaïs : Trop. Tout le monde nous touche, s’appuie sur nous… Avec leurs mains poisseuses. Tous ces germes, tout ce sucre…. Je ne supporte plus.
Albert : Tu es jalouse de ces filles sur le mur ?
Anaïs : Jalouse d’une bande de brouillons ? Moi ?
Albert : Oui.
Anaïs : Je m’ennuie ici, Albert. Allons-nous-en !
Albert : Mais, Anaïs, nous ne sommes que des statues !
Anaïs : Tu manques vraiment d’imagination ! Vivre avec toi c’est encore plus plat que de vivre avec ces modèles de papier ! Moi je change de musée ! Suis-moi si ça te chante!
Anaïs s’en va, Albert reste interloqué.
J’aime les deux À et les voir en statues
Ça me semble très amusant et tout à fait cohérent avec la photo
Merci