Un portrait

 

un logorallye un peu spécial :

le titre est

Monsieur Raymond a t’il une double vie ?

Dans la sacoche que notre héros vous trouverez

une clé USB

un portable 

une gomme bleue et rouge 

des clés rouillées 

un rouge à lèvres 

une carte d’identité périmée 

Tous ces mots doivent se trouver dans le texte.

Bonne écriture et  faites jouer les mots et votre imagination.

À vos plumes

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5 réponses à Un portrait

  1. Odile zeller dit :

    Texte de Janine

    Mr. Raymond

    Non, mais regardez-le comment il marche, Mr. Raymond ! On dirait un pingouin. Courbé, des petits pas. Il n’a pourtant pas l’air si vieux. Il est vraiment bizarre vous ne trouvez pas ? D’après moi il n’est pas très bien dans sa tête.
    Figurez-vous que l’autre jour je l’ai surpris au parc. Il était assis sur un banc avec sur les genoux la sacoche dont il ne se sépare jamais et il en sortait un à un des objets pour le moins disparates. Un portable, un vieux modèle, sans doute hors d’usage depuis longtemps. S’il avait marché il l’aurait tenu dans une poche, à portée de la main, vous ne croyez pas ? De vieilles clés rouillées retenues par un cercle en fil de fer. J’ai pensé qu’il les avait trouvées dans une décharge. Il a bien l’air d’un type qui va fouiller dans les ordures. J’étais sur le sentier au-dessus de lui et poussée par la curiosité je me suis approchée de plus près. Il prenait maintenant une de ces gomme rouge et bleu, pour moi de triste mémoire car elles m’ont souvent fait faire des trous dans mes cahiers. Ce devait être pour lui aussi un souvenir d’enfance.
    Il continuait à plonger la main dans la sacoche et il en a ressorti une carte d’identité toute chiffonnée et obligatoirement périmée, personne désormais ne doit plus avoir de carte comme celle-ci. Au nom de qui ? Je ne pouvais pas voir, bien sûr. Lui, il semblait contempler la photographie avec un air empreint de nostalgie. Etait-ce lui sur la photo ? Plus jeune ? Plus beau ? Peut-être.
    Et puis je l’ai vu sortir un rouge à lèvres. Ça m’a intriguée, évidemment. Et qu’est-ce qu’il a fait ? Il a dessiné avec, sur le dos de sa main, une bouche, deux lèvres légèrement entr’ouvertes, comme l’empreinte d’un baiser et puis il a porté la main à ses lèvres, avec tendresse m’a-t-il semblé. A coup sûr ce rouge à lèvres lui rappelait des souvenirs, de bons souvenirs. Peut-être le souvenir d’un amour lointain, d’un amour perdu. C’est ce que j’ai pensé.
    Mais plus étrange encore, le voilà avec une clé USB en main. Que faisait-il avec un tel objet ? L’avait-il trouvé ? Où ? Savait-il même de quoi il s’agissait ?
    Comme il avait sorti toutes ces choses de la sacoche il les y replaça une à une, avec soin, sauf la clé USB qu’il observait avec curiosité, comme un objet mystérieux.
    A ce moment-là un homme que je n’avais pas remarqué et qui devait l’observer depuis un moment se campa devant lui. Il ne se parlèrent pas. L’homme tendit une enveloppe, Mr. Raymond tendit la clé. L’homme s’éloigna à grands pas vers l’avenue, Mr. Raymond se leva et se dirigea vers notre immeuble de sa démarche hésitante de vieillard.

  2. Claude Klein dit :

    Monsieur Raymond a-t-il une double vie ?

    – Regarde ! C’est lui ! Regarde comme il déambule. On dirait une chaloupe ballotée
    par la houle. Tu ne trouves pas ?

    Interpellée par Christiane, la pipelette de Ménilmontant, Ginette jeta un coup d’œil à la silhouette du quinquagénaire, serrurier de son état, connu dans le quartier sous le nom de Monsieur Raymond. Rien d’exceptionnel chez cet homme carré, large d’épaules et capable de vous ouvrir n’importe quelle porte d’appartement ou de coffre-fort sans effort apparent.

    – C’est vrai qu’il a une drôle de démarche, ton amoureux. Mais de là à la dire
    chaloupée, il y a une marge, ma vieille. Crois-moi, soit il a un coup dans l’aile, soit
    c’est la table d’opération qui le guette pour prothèse de hanche.

    Sans se préoccuper de la grimace de Christiane et sans crier gare, un gamin de treize ans environ bouscula les deux dames du Boulevard, se jeta sur Monsieur Raymond, lui arracha la sacoche, fit demi-tour et s’enfuit à toute vitesse. Il n’avait pas prévu les réflexes de Ginette. D’un pied balancé avec dextérité, elle lui fit le croque-en-jambes du siècle. Il s’affala. La besace roula sur le trottoir et, au contact d’un pavé oublié, s’ouvrit. Elle révéla aux badauds goguenards un nombre d’objets hétéroclites. Pas un outil, pas de pince-monseigneur, ni de portefeuille.
    Christiane s’était précipitée. A quatre-pattes, elle para au plus pressé : le portable.
    A peine l’avait-elle en main, qu’il se mit à vibrer. M Raymond était toujours allongé, mis KO par le bitume. Sa petite femme préférée répondit donc à l’appel.

    – Secrétariat de l’entreprise ‘Ouvre-toi’. Oui ? Non, pas encore. Il est sur un
    chantier. Puis-je prendre un message ? Vous dites ? Nestor vous attend demain
    soir ? C’est noté. Au-revoir, Madame.

    Tout en parlant, Christiane avait récupéré une gomme, de celles qui sont tellement dures que c’est à peine si elles effacent. Les rouges et bleues qui sévissent encore chez les anciens de la Communale. Elle la fourra dans son sac Hermès de chez Li avec une poignée de clés rouillées dignes du Musée de la Ferraille. Ce musée était une invention de Raymond. Un jour où ses affaires n’étaient guère florissantes, il avait posé sur le trottoir le tonneau auquel étaient accrochées ses plus vieilles clefs. D’une voix de stentor, le jeune-homme d’alors s’était mis à attirer le chaland par des histoires à dormir debout. Chaque clef remontait au Roi Dagobert et la plus cotée servait à Barbe Bleue à enfermer ses femmes dans le donjon de la Tour de Londres.
    L’étui doré du rouge à lèvres lui fit froncer le nez. Un rouge pourpre, violent, de ceux qui classent. Il y avait quelque chose de pas clair du tout dans ce bâton de rouge. A qui appartenait-il ? Et de quel droit Monsieur Raymond le gardait-il dans son sac de travail ? Christiane se saisit de la carte d’identité tombée dans le caniveau. Tiens, périmée. Et qui est-ce cette Henriette Mallard ? Distinguée. Une dame. Elle n’est pas de chez nous, celle-là.
    – Tiens, Ginette, qu’en penses-tu ?

    Ginette, elle, avait trouvé une clé USB contre la pissotière. Elle l’échangea contre la pièce administrative. Christiane émoustillée par la carte et le rouge inattendus, n’hésita pas. Elle prit son ordinateur portable, y introduit la clé USB et des images apparurent.
    Houuuuu! Abasourdie, incrédule, horrifiée, puis sidérée. Voilà Christiane devant le tableau d’un homme portant beau transformé en …
    -Tu comprends maintenant pourquoi il n’a jamais tenté de te renverser ?
    Eplorée, Christiane s’effondra dans les bras d’une Ginette un brin compatissante mais surtout soulagée de ne plus avoir à jouer la comédie. Une bonne chose de faite, se dit-elle in petto.
    Enfin réanimé, Monsieur Raymond comprit en un clin d’œil que son secret était éventé, jamais plus il ne pourrait jouer au joli cœur avec Christiane. Et savez-vous quoi ? Il en fut tout marri.

  3. martine dit :

    bravo ! très bon rythme et une extraordinaire vivacité qui nous met en tension et nous fait bien ressentir la l’excitation, la curiosité, le désarroi avec une chute pleine d’humour. Tant de dynamisme dans un petit texte c’est magnifique

  4. Odile zeller dit :

    Une chute

    Devant moi cette silhouette qui tangue. On dirait qu’il va avoir un malaise. Il devrait s’arrêter et se reposer sur le banc. Non il continue. Ce n’est pas mes affaires. On dirait Monsieur Raymond le voisin d’a côté sur le palier. Il parle tout seul et si fort que j’ai cru qu’il séquestrait quelqu‘un. Ce n’est pas que je sois curieuse, non je n’aime pas qu’on se mêle de mes affaires. Mon Dieu il est tombé, je ne peux pas … il faut faire quelque chose… oui prévenez les secours … tiens on dirait qu’un rouge à lèvres est tombé de sa poche. Monsieur Raymond … allez Monsieur Raymond … il ouvre les yeux… il revient à lui. Oui j’ai appelé les secours. Quoi Monsieur Raymond ça n’est pas le peine ! Bon, je les rappelle oui … avec mon portable. Oh vos clés sont tombées … oui là des clés rouillées …
    quoi elles ne sont pas à vous … bien je les porterai aux objets trouvés.
    Monsieur Raymond ! Ça va .. vous êtes tout pâle … Vous n’êtes pas Monsieur Raymond !
    Pourtant vous habitez mon immeuble …. montrez moi, oui… non ça c’est une gomme et … voilà votre carte d’identité… non je ne suis pas la police … oui Édouard Leclerc … rue de la République à Montauban … désolée Monsieur … ah mais c’est une carte d’identité périmée … oui elle date des années 50 … Vous n’avez rien d’autre dans vos poches ? Ah une clé USB … et vos clés ? Non pas ce trousseau … elles sont tellement rouillées et puis ce ne sont pas des clés d‘Appartement … trop grosses … pour une maison à la campagne … oui ? Vous habitez où? Vous n’êtes pas Monsieur Raymond ? Pourtant … mais bon j’ai pu me tromper. Je ne sais pas quoi faire pour vous aider … Faut pas vous fâcher … vous n’allez pas m’agresser … rangez votre couteau sinon … Au secours ! Au secours ! Monsieur Raymond ! Au secours !
    Merci Monsieur l’agent … oui Mon voisin, Monsieur Raymond il … oui au couteau … il est où maintenant …
    Non je ne perds pas la regardez j’ai sa carte d’identité et son … rouge à lèvres …
    vous ne me croyez pas mais demandez à … Ils sont partis … oui je rentre chez moi, pour me calmer … oui vous avez raison … je rentre … voilà au revoir Monsieur l’agent.
    J’en suis sure c’était bien Monsieur Raymond … je suis pas folle tout de même !

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