C’est une impression bizarre. Celle de prendre vie. De sentir la pâte se former, encore un peu de vanille, de la crème d’amande, mais chut ! Le moment le plus important de ma vie va se dérouler, regardez, elle arrive ! C’est la mienne, je la reconnais malgré ses innombrables semblables C’est ma fève ! Mon cœur ! De délicates mains dotées de gants en plastique la dépose dans mon coté gauche et la recouvre de pâte feuilletée. Je m’endors, bercée par le son des machines et la voix des employés.
Lorsque je me réveille, je suis enfermée… on m’aurait kidnappée !? Soudain, on m’attrape et j’entends qu’on toque à la porte. Elle s’ouvre et une charmante voix féminine balbutie des remerciements tandis que des enfants excités crient et sautent. Quels drôles de ravisseurs ! D’un coup, les enfants courent vers moi, la porte claque et je peux distinguer la voix d’au moins 8 enfants suppliant pour me voir… je serai donc devenue une star en si peu de temps ?
Je découvre peu à peu la lumière du jour et une bande d’enfants extasiés devant moi. Ce n’est pas pour paraître modeste mais j’avoue que je suis si belle, dorée ! Et les enfants se remettent à courir et crier, comme si qu’ils ne pouvaient pas rester une seule seconde sans bouger ! La mère referme ma boîte et me pose négligemment sur le comptoir avant d’aller se reposer dans sa chambre quelques minutes, ce qui n’échappe pas à 4 yeux curieux. Je suis donc rouverte par 4 petites mains, et obligée d’écouter la silencieuse conversation de ces 2 garçons, devant avoir 4 et 6 ans.
– Tu es sûr que Maman ne va pas nous gronder ?
– Elle n’y verra que du feu, ne t’en fais pas ! Et puis, pense à la fève !
– Justement, ayant bien réfléchi, il n’y a qu’une seule fève, non ? Et donc, un seul de nous deux sera le…
– Tais-toi, benêt et fais le guet !
Je ne comprend pas grand chose à cette conversation mais… Que fait ce garçon ? Il avait pourtant l’air gentil, pourquoi fait-il ça ??? Sans mon cœur, je n’ai plus de sentiments, plus d’émotions… plus de vie ! Il la fourre dans sa poche quand son frère l’avertit : Leur mère arrive ! Il referme vivement la boîte et se cache dans le placard.
“Maman”, comme ils l’appellent, m’installe sur la table et agite un couteau au dessus de ma tête !
– 8 parts, le compte est bon ! Charlotte !
Charlotte, qui doit avoir environ 3 ans, va se cacher sous la table. Maman prend son couteau et tranche une généreuse part, “Celle-là pour qui ?”
Charlotte répond : “Pour Jean”, “Pour Marie”
À ce rythme là, je ne serai plus qu’un tas de miettes ! Mais bon, sans ma fève, je suis déjà morte, à quoi bon ?
“Pour Clotilde”, “Pour Paul”
Les enfants observent leur assiette, tous impatients.
“Pour Astrid”, “Pour Delphina”
Mais, maintenant, je crois avoir compris le petit jeu des garçons…
“Pour Benoît et pour moi !!!”
La petite s’installe prestement à table… si prestement qu’elle bouscule Jean qui observait secrètement son butin. Il tombe à terre et la fève roule aux yeux de tous. La mère comprend très vite le manège, vu que l’enfant n’avait pas touché à sa part de galette. Il fut puni et privé de galette. La maman glissa la fève dans une de mes parties et Charlotte recommença le jeu. Finalement, le visage rempli de joie, ce fut Benoît, le “benêt” qui reçu le mérite d’être le roi toute une journée.
La vie est bien faite et l’injustice paye toujours. Adieu mes amis !
Comme un conte avec une morale à la fin. Des épisodes aussi, un rebondissement … j’aime aussi le protocole de la galette. La joie et l’exaltation des enfants. C’est une jolie scène que vous nous offrez. Merci
Des histoires de galette je n’en connais qu’une. Mon père le racontait chaque année. Il est rentré de la guerre début de janvier au moment de tirer les rois et pour lui faire plaisir on a triché pour qu’il soit le roi. Ayant remarqué la machination il a avalé la fève. Évidemment il a apprécié les regards étonnés de la tablée sur lui. A cette histoire en répond une autre canadienne celle-la. Pour le passage de notre fils, notre tout petit fils et sa maman nous avions acheté une galette et distribué les parts. Bianca, notre belle fille était la dernière. Nous l’exhortions à finir … persuadés qu’elle avait la fève puisque nous ne l’avions pas trouvée.
Mais non elle n’avait rien … j’allais alors fouiller le carton du pâtissier. La fève était collée dans le couvercle. C’était à la maîtresse de maison de l’insèrer dans le gâteau. C’était plus sécuritaire ainsi … n’est-ce pas !
Nous sommes un atelier d’écriture créé à Ottawa en 2011. Notre thématique est d’écrire au Musée, devant les œuvres d’art. Nous avons publié des recueils de nouvelles, nous organisons un concours de nouvelles annuel depuis 2013. Les nouvelles sélectionnées sont publiées. Depuis 2015 nous sommes une association sous la loi 1901 dont le siège social est à Puteaux.
C’est une impression bizarre. Celle de prendre vie. De sentir la pâte se former, encore un peu de vanille, de la crème d’amande, mais chut ! Le moment le plus important de ma vie va se dérouler, regardez, elle arrive ! C’est la mienne, je la reconnais malgré ses innombrables semblables C’est ma fève ! Mon cœur ! De délicates mains dotées de gants en plastique la dépose dans mon coté gauche et la recouvre de pâte feuilletée. Je m’endors, bercée par le son des machines et la voix des employés.
Lorsque je me réveille, je suis enfermée… on m’aurait kidnappée !? Soudain, on m’attrape et j’entends qu’on toque à la porte. Elle s’ouvre et une charmante voix féminine balbutie des remerciements tandis que des enfants excités crient et sautent. Quels drôles de ravisseurs ! D’un coup, les enfants courent vers moi, la porte claque et je peux distinguer la voix d’au moins 8 enfants suppliant pour me voir… je serai donc devenue une star en si peu de temps ?
Je découvre peu à peu la lumière du jour et une bande d’enfants extasiés devant moi. Ce n’est pas pour paraître modeste mais j’avoue que je suis si belle, dorée ! Et les enfants se remettent à courir et crier, comme si qu’ils ne pouvaient pas rester une seule seconde sans bouger ! La mère referme ma boîte et me pose négligemment sur le comptoir avant d’aller se reposer dans sa chambre quelques minutes, ce qui n’échappe pas à 4 yeux curieux. Je suis donc rouverte par 4 petites mains, et obligée d’écouter la silencieuse conversation de ces 2 garçons, devant avoir 4 et 6 ans.
– Tu es sûr que Maman ne va pas nous gronder ?
– Elle n’y verra que du feu, ne t’en fais pas ! Et puis, pense à la fève !
– Justement, ayant bien réfléchi, il n’y a qu’une seule fève, non ? Et donc, un seul de nous deux sera le…
– Tais-toi, benêt et fais le guet !
Je ne comprend pas grand chose à cette conversation mais… Que fait ce garçon ? Il avait pourtant l’air gentil, pourquoi fait-il ça ??? Sans mon cœur, je n’ai plus de sentiments, plus d’émotions… plus de vie ! Il la fourre dans sa poche quand son frère l’avertit : Leur mère arrive ! Il referme vivement la boîte et se cache dans le placard.
“Maman”, comme ils l’appellent, m’installe sur la table et agite un couteau au dessus de ma tête !
– 8 parts, le compte est bon ! Charlotte !
Charlotte, qui doit avoir environ 3 ans, va se cacher sous la table. Maman prend son couteau et tranche une généreuse part, “Celle-là pour qui ?”
Charlotte répond : “Pour Jean”, “Pour Marie”
À ce rythme là, je ne serai plus qu’un tas de miettes ! Mais bon, sans ma fève, je suis déjà morte, à quoi bon ?
“Pour Clotilde”, “Pour Paul”
Les enfants observent leur assiette, tous impatients.
“Pour Astrid”, “Pour Delphina”
Mais, maintenant, je crois avoir compris le petit jeu des garçons…
“Pour Benoît et pour moi !!!”
La petite s’installe prestement à table… si prestement qu’elle bouscule Jean qui observait secrètement son butin. Il tombe à terre et la fève roule aux yeux de tous. La mère comprend très vite le manège, vu que l’enfant n’avait pas touché à sa part de galette. Il fut puni et privé de galette. La maman glissa la fève dans une de mes parties et Charlotte recommença le jeu. Finalement, le visage rempli de joie, ce fut Benoît, le “benêt” qui reçu le mérite d’être le roi toute une journée.
La vie est bien faite et l’injustice paye toujours. Adieu mes amis !
Comme un conte avec une morale à la fin. Des épisodes aussi, un rebondissement … j’aime aussi le protocole de la galette. La joie et l’exaltation des enfants. C’est une jolie scène que vous nous offrez. Merci
Des histoires de galette je n’en connais qu’une. Mon père le racontait chaque année. Il est rentré de la guerre début de janvier au moment de tirer les rois et pour lui faire plaisir on a triché pour qu’il soit le roi. Ayant remarqué la machination il a avalé la fève. Évidemment il a apprécié les regards étonnés de la tablée sur lui. A cette histoire en répond une autre canadienne celle-la. Pour le passage de notre fils, notre tout petit fils et sa maman nous avions acheté une galette et distribué les parts. Bianca, notre belle fille était la dernière. Nous l’exhortions à finir … persuadés qu’elle avait la fève puisque nous ne l’avions pas trouvée.
Mais non elle n’avait rien … j’allais alors fouiller le carton du pâtissier. La fève était collée dans le couvercle. C’était à la maîtresse de maison de l’insèrer dans le gâteau. C’était plus sécuritaire ainsi … n’est-ce pas !